SOCIÉTÉ D'ÉTUDES BENJAMIN FONDANE

Fondane et Chestov devant l'Histoire N° 5

Tararira, une mise au point

Monique Jutrin

Jusqu’à présent tous les efforts effectués pour retrouver une copie de Tararira ont été vains. De temps à autre, des signes de vie de ce film apparaissent, et l’espoir renaît.

Voici une dernière mise au point :

  1. Alain Virmaux nous avait signalé que Tararira avait une entrée dans un récent dictionnaire de films argentins. Nous avons écrit aux auteurs de ce dictionnaire, espérant obtenir plus d’informations quant à la source de leurs données, mais nous n’avons pas eu de réponse. L’un des auteurs, contacté au téléphone par un ami argentin de Louis Soler, a affirmé “n’avoir rien à dire”.

Je reproduis le texte de l’article de ce dictionnaire :

“ Raul Manrupe y Maria Alejandra Portela, Un Diccionaro de Films argentinos, ed.    

Corregidor, Buenos Aires, 1995 :

   Tararira (La Bohemia de hoy)

   Film inedit

   1936

   D y G: Benjamin Fondane I: Hermanos Aguilar, Orestes Cavilia, Joaquin Garcia 

Léon, Miguel Gomez Bao, Iris Marga F: John Alton P: Miguel 

Machinandiarena para Falma Films.

Un musical con los Hermanos Aguilar, conjunto muy de moda en la epoca. Se trataria de una de las dos primeras producciones de los Estudios San Miguel, conocidas en ese entonces como Producción No 1 y Produccion No 2 y filmados en absoluto secreto. La otra habria sido un filme con la cantante lirica Amanda Cetera. El resultato de ambas no habria satisfecho a Machinandiarena, quien optó por no darias a conocer . Primer titulo: La Bohemia de hoy.

  1. Nous apprenons ainsi que le premier titre de Tararira avait été La Bohemia de Hoy (La Bohème d’aujourd’hui), et qu’il avait été filmé “dans un secret absolu”. Le producteur, mécontent du résultat, décida de ne pas diffuser ce film.
  2. Une autre piste était celle du témoignage de Gloria Alcorta, publié dans le Cahier Benjamin Fondane no 1. C’est Eve Griliquez qui, au hasard d’un entretien avec cette poétesse argentine, découvrit qu’elle avait assisté en 1937 à une projection privée de ce film chez la cantatrice Dalila Saslawski qui a gardé un souvenir inoubliable de certaines scènes. Nous avons tenté de vérifier si une copie de Tararira avait été conservée dans les archives de la famille Saslawski (le frère de Dalila Saslawski était cinéaste.) C’est Louis Soler qui s’est chargé de cette enquête, avec l’aide de son ami argentin Sergio Gasparin. Nous apprîmes que Dalila et son frère Luis ne sont plus en vie. Nous n’avons pu contacter leurs enfants. Eve Griliquez rencontra à Buenos Aires une actrice qui joua dans le film: Chola Ascensio.
  3.  Un dernier espoir nous restait du côté de la Cinémathèque de Buenos Aires. Il y a quelques années le directeur de cette Cinémathèque nous avait répondu que Tararira avait disparu au cours d’un incendie. Une autre information, plus récente, nous apprend que le producteur aurait donné l’ordre de brûler son film.

D’autre part, la lettre de Fondane à Fredi Guthmann, publiée dans notre Cahier No3 par Louis Soler, atteste qu’en février 1938 Tararira était encore bien vivant. L’on comprend que le film a été “mutilé” lors de son montage, après le départ de Fondane. Deux solutions semblent avoir été envisagées par Fondane : soit que Paco Aguilar répare les dégâts causés par le montage d’un certain Alton, soit que l’on envoie tout le matériel à Paris où Fondane le confierait à un laboratoire. Il espérait obtenir l’aide de Fredy Guthmann pour faire aboutir cette démarche.

Donc, en 1938, Fondane n’avait pas perdu espoir de sauver Tararira.

 Enfin, il est possible que parmi les archives de la Cinémathèque de Buenos Aires, il  existe des documents photographiques concernant ce film. Il ya 1.200.000 photos d’archives, dont seul un tiers a été dépouillé à ce jour et uniquement pour des clients jugés “importants”. (Site www.archivofilm.com)

 Le dossier serait-il définitivement clos?