SOCIÉTÉ D'ÉTUDES BENJAMIN FONDANE

Découvertes N° 24

Lettre à Lucy Zultak

Chère Lucy, nous avions pris l’habitude, depuis que tu ne venais plus à Peyresq, de t’écrire une carte postale pour te dire combien tu nous avais manqué. Tu nous as quittés fin novembre 2020, mais tu demeures dans nos pensées. Isi Zultak et toi, vous fûtes nos dieux tutélaires depuis la création de la Société. Vous étiez à nos côtés, que ce soit pour organiser le colloque de Royaumont, la pose de la plaque rue Rollin ou l’inauguration de    la place Benjamin Fondane. 

Nous n’oublions pas que tu avais«saisi»la plupart des articles de Fondane épars dans les périodiques pour nous aider à les reproduire dans nos publications. À Metz, dans le cadre de la communauté juive, tu pris souvent la parole pour présenter Fondane devant un auditoire attentif. Lectrice inlassable, tu t’intéressas aussi à la vie de certaines femmes juives qui purent faire entendre leur voix malgré les contraintes d’une société cloisonnée. Si la Shoah n’avait bouleversé ta jeunesse, tu aurais probablement entrepris des études de lettres.

Ce que la plupart ont longtemps ignoré, car tu n’en parlais pas, ce sont les épreuves subies durant la guerre de 40. Incarcérée avec ta mère et ta sœur en août 1942 au camp de Vénissieux, tu avais été parmi les enfants libérés suite à l’intervention de divers organismes de résistance. Le récit du sauvetage des enfants de Vénissieux est connu à présent grâce aux travaux de l’historienne Valérie Portheret.

Chère Lucy, même ceux qui ne t’ont rencontrée qu’une seule fois se souviennent de toi, de ton sourire malicieux, pétillante d’intelligence. Cette lettre, pour te dire simplement que tu continues à nous manquer.

M.J.