Découvertes N° 24
Éditorial
À l’ombre de la pandémie, confinés, masqués, nous avons poursuivi nos recherches pour réunir cet ensemble de textes. Les hauteurs de Peyresq nous ayant été interdites, ce travail collectif nous soutint durant cette époque crépusculaire.
Pourquoi des éditeurs en temps de détresse? Publier un livre, c’est agir en dépit de tout ce qui peut nous entraver. Ainsi, conçu et né durant la pandémie, a paru aux éditions de l’éclat en février 2021, sous le titre : Fondane lecteur de Lévy-Bruhl, une sorte de post-scriptum au Métaphysicien malgré lui. Ce petit volume prolonge la table ronde du 10 décembre 2019 au MAHJ, à laquelle nous voulions donner forme de papier et d’encre. Les textes de Michel Valensi, Monique Jutrin, Jean Dhombres, Bruno Karsenti, Dominique Guedj et Serge Nicolas, sont suivis de la transcription d’un carnet inédit de Fondane, en marge de ses réflexions sur Lévy-Bruhl. D’autre part, signalons que Dominique Guedj prépare un Cahier spécial consacré à Fondane et Lévy-Bruhl.
Découvertes , annonce le titre de ce Cahier. En effet, tout y est inédit. En ouverture, une lettre de Jean Grenier à Jean Paulhan, que Claire Paulhan vient de retrouver dans les archives de son grand-père : le 27 mars 1944 Grenier s’inquiète du sort de Fondane. Nos plus vifs remerciements à Claire Paulhan qui nous l’a communiquée, et à Alain Grenier, qui nous autorise à la publier.
Le premier dossier présente une traduction par Hélène Lenz du Festinul lui Baltazar, commentée par Agnès Lhermitte et Serge Nicolas. Cette version roumaine du Festin , datant de 1922, nous réserve bien des surprises. Serge Nicolas, qui s’intéressse à l’auto sacramental, écrit qu’ elle « fait entendre une petite musique très singulière », moins philosophique, plus poétique que celle du Festin français. De son côté, Agnès Lhermitte poursuit une réflexion sur un genre affectionné par Fondane : le monologue poétique et dramatique. Le chapitre suivant, consacré à un échange épistolaire entre Fondane et Spire, permet de mieux éclairer la nature des liens entre les deux poètes. Nous sommes reconnaissants à Marie-Brunette Spire qui nous transmit ces documents et nous permit de les publier. Dans le domaine du cinéma, Eric de Lussy nous présente des articles retrouvés dans les périodiques des années 1929-30. Till Kuhnle complète ce dossier par d’autres trouvailles. Quant à nos découvertes relatives à l’oeuvre roumaine, il s’agit de la traduction de deux textes importants datant tous deux de 1922 : un article consacré à Oscar Wilde, traduit et commenté par Carmen Oszi, et un article sur Creanga traduit et introduit par Tatiana Fluieraru.
2021 : nous fêtons les deux cents ans de Baudelaire. À cette occasion Evelyne Namenwirth s’est replongée dans Baudelaire et l’expérience du gouffre pour nous livrer les réflexions nées de cette relecture.
Lucy Zultak nous a quittés en novembre 2020. Nous lui rendons hommage dans ce Cahier, ainsi qu’à Claude Vigée et à Cédric Demangeot.
Nous tenons à remercier tous ceux qui ont collaboré à ce numéro 24, en particulier nos correspondantes roumaines, Maria Rafaila et Oana Merches, ainsi que Mili Pecherer qui a créé la couverture.
Que penserait Fondane de notre époque? À Victoria Ocampo, il écrivait le 29 avril 1939 :«[…] je préfère mourir de vieillesse qu’affronter une nouvelle civilisation – sous le signe du mécanique».