Fondane homme de théâtre - Au temps du poème N° 20
Un poème abandonné
Benjamin FondaneDes nuages tournaient dans les regards de peur
de vieux journaux froissés ronronnaient dans les coins
quand on leur caressait l’échine.
le temps passait passait comme une rivière sale
plus vite, oh, plus vite !
pourquoi pas, pour une fois, à l’unisson du coeur ?
Pour une Fois ! Après je n’aurais pas la force
d’y revenir, je le sentais,
mais un peu, oh si peu de terre ferme, dure
un peu, pour prendre de l’avance,
et je courais avant qu’elle ne s’émiette
je courais jusqu’au beau verger que je connais,
ou plutôt que je soupçonne –
peut-être avant l’effondrement
juste une minute avant
j’aurais la chance d’en escalader le mur
Ce texte inédit, non daté, est l’ébauche d’un poème qui aurait pu figurer dans la dernière section de Au Temps du Poème. (Une page au crayon, collection Monique Jutrin)