En 1941 les Cahiers du Sud consacrent à la pensée indienne un numéro spécial intitulé Message actuel de l'Inde. Invité à participer, Fondane y donne Au seuil de l'Inde, qui témoigne de préoccupations nouvelles : l'examen comparatif de la pensée indienne (hindouiste/bouddhiste) et de la philosophie/métaphysique occidentale. Un an plus tôt, la Revue philosophique de la France et de l'étranger, publiait sa longue étude : « Lévy-Bruhl et la métaphysique de la connaissance » qui portait sur la pensée de participation des primitifs. Ces préoccupations tournées vers des pensées non européennes apparaissent comme inédites. Elles sont contemporaines du travail de Lupasco et sur la critique des philosophies de l'identité qui se poursuit au même moment dans L'Etre et la connaissance, et dont Au seuil de l'Inde porte la trace.

Au tournant des dernières pages d’Au seuil de l’Inde un nom est enfin donné à la plus fondamentale des oppositions entre modes de pensée : d’une part, la « philosophie naturelle » du genre humain (Inde et philosophie spéculative de l’Occident, Schopenhauer) ;  de l’autre, « une autre expérience qui, elle, n’avait rien de naturel » (pensée existentielle biblique, Nietzsche).                                                                                       

Dominique Guedj : « Au Seuil de l’Inde : une pensée autre ?» ( Cahier B.F. 14).